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Les constats

La création de la VCWAP et de l’AWAP est née d’un constat simple et bien documenté : si les femmes sont, en moyenne, plus diplômées que les hommes dans l’enseignement supérieur, elles sont sous-représentées dans le milieu de la recherche en Europe et plus largement dans le monde. Le dernier rapport de l’UNESCO (graphes ci-dessous) indique en effet que les femmes ne représentent environ que 30 % des chercheuses et chercheurs à travers le monde sur la période 2015-2018.

En particulier, elles sont moins nombreuses à occuper des postes à hautes responsabilités (tels que professeures ou directrices de recherche), produisent souvent moins d’articles scientifiques que les hommes, déposent moins de brevets et sont moins représentées parmi les relecteurs et les éditeurs des revues scientifiques (Lerman et al., 2022 ; Ross et al., 2022). En outre, la crise de la Covid-19 semble avoir particulièrement impacté les femmes, y compris dans le domaine de la recherche (Minello, 2020 ; Viglione, 2020 ; Squazzoni et al., 2021).

Si ces données ont fait l’objet de nombreux rapports et publications scientifiques, et si les facteurs à l’origine de ces inégalités entre femmes et hommes dans la recherche scientifique sont désormais assez bien connus, de nombreux efforts restent encore à faire pour aller vers une recherche réellement paritaire. Les stéréotypes de genre, l’auto-censure et l’invisibilisation ou la minimisation des contributions des femmes scientifiques à la recherche (ou « Effet Matilda ») contribuent largement aux inégalités professionnelles entre femmes et hommes.

L’histoire de la chimiste Rosalind Franklin (1920-1958), qui fut la première à observer la structure de l’ADN en 1952, est peut-être l’exemple le plus célèbre d’invisibilisation du travail des femmes dans la science. Le prix Nobel fut décerné à James Watson & Francis Crick en 1962 pour leur découverte de la structure en double hélice de l’ADN, sans aucune reconnaissance de la contribution de leur collègue. Nos disciplines ne font pas exception à ce phénomène. Nous retiendrons donc également l’exemple moins connu de la paléontologue Mary Anning (1799-1847), dont les nombreuses découvertes ont largement contribué à démontrer l’extinction des espèces, et plus largement à une meilleure compréhension de la paléontologie des vertébrés. Rarement créditée de ses découvertes, Mary Anning ne fut jamais autorisée à rejoindre la prestigieuse Société Géologique de Londres parce qu’elle était une femme.

Portrait of Mary Anning with her dog Tray and the Golden Cap outcrop in the background. Natural History Museum, London

L’ensemble de ces facteurs, tout comme le très faible nombre de prix Nobel décernés à des femmes (seulement 5 % ! ; Lunneman et al., 2019) participe également au manque de modèles scientifiques féminins. De tels modèles sont pourtant essentiels pour attirer les jeunes filles vers des carrières scientifiques. Ainsi, au-delà de nos objectifs premiers (promouvoir les travaux des femmes archéologues et paléontologues sans poste permanent à travers un moment d’échanges scientifiques, et créer un réseau d’entraide entre chercheuses), notre volonté est également de rendre visible auprès d’un public plus large l’importante contribution des femmes à la recherche scientifique et de proposer des actions pour inciter les jeunes filles à s’orienter vers la science. Mettre en avant des modèles de femmes scientifiques passionnées qui s’impliquent activement pour aller vers une recherche plus égalitaire va dans ce sens !